L’histoire du Château de Rixensart

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La seigneurie de Rixensart, mentionnée dès 1217, appartenait au lignage de Limal. Comme beaucoup de féodaux au Moyen-âge, les seigneurs de Limal essartèrent selon l’expression de l’époque une partie de forêt à la limite de leur fief pour y construire une tour fortifiée qui a pris le nom de Rixensart.

Les prérogatives attachées à la seigneurie de Rixensart sous les Ducs de Brabant sont nombreuses: administration de la justice, désignation d’un bailli qui est en même temps receveur, d’un échevin et d’un sergent.

La famille Croÿ achète en 1536 le domaine qui échoit par mariage en 1586 à Jean-Charles de Gavre, comte de Frésin (°1564 †1629). Il agrandit la tour en la prolongeant par un bâtiment, actuellement l’aile nord du quadrilatère, achevé en 1631 selon la date mentionnée sur la dite façade. Sa fille Françoise Conradine épouse le 2 avril 1646 Philippe Hippolyte Spinola (°1612 †1670), comte de Bruay, général des Armées du Roi d’Espagne, Charles II. Il fut gouverneur de Namur et défendit Lille en 1667 pour le compte du roi d’Espagne contre Louis XIV qui le salua après sa défaite par ces mots: « Monsieur lui dit-il, j’ai du déplaisir de votre malheur, parce que vous êtes un galant homme, qui avez fait votre devoir pour le service de votre maître, et je vous en estime davantage » .

C’est au ménage Spinola que l’on doit cet élégant ensemble classé « Monument exceptionnel de Wallonie » et dont la silhouette, campée sur une butte, s’imprègne si harmonieusement dans son paysage, décrit souvent comme les Ardennes brabançonnes. Il fait construire l’aile Ouest en 1648, l’aile Est en 1660 et l’aile Sud en 1662, terminant le quadrilatère actuel autour d’une cour intérieure qui évoque le cloître d’un monastère mêlant harmonieusement l’influence de la renaissance espagnole et des éléments baroques au style classique brabançon du 17è siècle.

En 1678, l’ancienne partie du château de Rixensart dont la tour fortifiée du XIIème siècle est en partie incendiée par les troupes françaises de Louis XIV. La tour médiévale ne sera pas restaurée. A sa place s’élève l’église Ste Croix, dont le chevet repose sur une portion des anciennes fondations. Cette église, jadis chapelle privée, est devenue église paroissiale en 1802. Elle a été reconstruite en 1937, en style néo-traditionnel, suite à un incendie. Elle doit son nom, selon la légende, à une relique de la Sainte Croix, ramenée des croisades par Henri de Limal et incorporée dans la pierre de l’autel.

En 1712, la belle-fille de Philippe-Hippolyte Spinola, la comtesse Albertine von Salm (°1660 †1715) devenue veuve en 1709, perd son fils unique Cosme Hyacinthe, tué durant le siège de Douai de 1712. Elle hérite de ce dernier et donne le 11 août 1714 par testament les anciennes seigneuries de Rixensart, Genval et Bourgeois à sa nièce Marie Nicolassine de Merode Montfort (°1698 †1787), fille de sa sœur Claire-Eléonore von Salm et de Maximilien de Merode Montfort.

Depuis ce jour la famille Merode préside à la destinée de ce joyau et tâche de lui faire traverser les siècles en répondant le mieux possible aux défis de chaque époque, convaincue qu’un tel patrimoine historique et culturel est un « présent » du passé dont on assure l’avenir en préservant la richesse de son histoire et de son environnement.

Personnalités ayant habité ou séjourné au château

Le château de Rixensart a connu des habitants de marque. Outre Félix de Merode, l’artisan de l’indépendance de Belgique ou son fils Xavier, fondateur des Zouaves pontificaux et archevêque de Mélitène, il a aussi vu séjourner Charles de Montalembert qui avait épousé leur fille ou sœur, Anne de Merode. Voici un bref aperçu de la vie de ces 3 personnalités :

Comte Félix de Merode (°1791 – †1857)

Félix de Merode (°1791- †1857) – hérite de Rixensart par son père. Sa vie va être très occupée par son engagement politique au moment de la révolution belge. Il fait partie du groupe des notables qui dès le 26 août 1830 vont essayer de gérer la révolution. A la suite des évènements de septembre, il se réfugie d’abord à Rixensart. Revenant à Bruxelles le 26 septembre, il prend la tête du Gouvernement provisoire mais refuse la proposition qu’on lui fait de régner sur la Belgique. Il est co-auteur et co-signataire de la Constitution belge. Il fait partie de la délégation belge qui se rend à Londres pour sonder les intentions du prince Léopold de Saxe-Cobourg, le futur roi des Belges.

A sa mort, des obsèques nationales sont célébrées, et sa dépouille ramenée de Bruxelles, reçoit de la population de Rixensart un hommage ému et unanime. Le Baron Nothomb dira de lui dans une allocution à sa mémoire au parlement: « Quand un Merode meurt, la Belgique saigne ».

Félix de Merode est le frère de Frédéric de Merode (°1792 †1830) mortellement blessé à Berchem le 23 octobre 1830.

Monseigneur Xavier de Merode (°1820 – †1874)

Monseigneur Xavier de Merode (°1820 †1874)  fils de Félix de Merode est d’abord attiré par la carrière des armes. Sorti de l’Ecole Royale Militaire de Belgique, il prend part à la campagne d’Algérie sous les ordres du Général de Lamoricière et reçoit la Légion d’honneur.

En 1847, il démissionne et s’inscrit au Collège Romain pour devenir prêtre. Lorsque les révolutionnaires entrent à Rome obligeant le Pape Pie IX à fuire, il reste à Rome et s’emploie à secourir les blessés. Pris par les Garibaldiens, il est fait brièvement prisonnier. Le Pape, à son retour d’exil le nomme en 1850, « camérier secret » et directeur des prisons pontificales. Xavier se met au service du Pape et contribue activement à la réorganisation et à la modernisation des États Pontificaux après le rétablissement par les troupes françaises de l’ordre public dans la ville. Il est convaincu cependant que le Pape doit pouvoir se défendre seul sans être toujours dépendant de la France.

Nommé ministre des Armées Pontificales, Xavier crée en 1860, avec l’aide du général de Lamoricière, l’armée des Zouaves Pontificaux pour défendre le Saint-Siège contre les troupes piémontaises. L’opération échoue et l’armée pontificale est dissoute après la défaite de Castelfidardo.

Nommé archevêque de Mélitène le 22 juin 1866, il assiste au premier concile du Vatican.

Son influence culturelle et son oeuvre d’urbanisme est importante: il participe activement à la rénovation urbaine de la ville éternelle, il empêche la destruction du Colisée, restaure le château Saint-Ange, il organise les fouilles qui permettront de découvrir les catacombes de St Callixte et de Ste Domitille.

Mais c’est surtout son oeuvre sociale qui a été immense: il a construit des écoles, des hôpitaux, des prisons plus humaines encadrés par des religieux venus de Belgique. Sa charité était proverbiale, il s’est dévoué inlassablement auprès des plus démunis. Il est enterré non pas à Rixensart mais au Vatican dans le fameux Cimetière des Teutons et des Flamands, situé à côté de la basilique Saint Pierre.

Charles de Montalembert (°1810 – †1870)

Anne de Merode, fille de Félix et soeur de Xavier, épouse en 1836 Charles de Montalembert (°1810†1870) Pair de France. Il est cofondateur avec Lamennais du journal « L’Avenir » Il se fait le chantre du catholicisme libéral et de toutes les libertés. La doctrine du catholicisme libéral est condamné par l’encyclique « Mirari Vos ». Charles accepte le verdict du pape Grégoire VII mais il continue à combattre pour la liberté de l’enseignement et la liberté de presse. Auteur de nombreux ouvrages, Il est reçu à l’Académie française au siège de Chateaubriand. C’est à Rixensart qu’il se retire pour achever son oeuvre majeure: Les moines d’Occident de St Benoît à St Bernard. Moins de 3 ans plus tard, il meurt en mars 1870.

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